Cela faisait plusieurs siècles qu'il n'y avait pas eu de couronnement à fêter, et presque autant qu'il n'y avait personne pour brandir sceptre et porter couronne. Ce temps d'incertitude qui avait vu la noblesse prospérer et s'engraisser était révolu, et un roi intègre et sage allait rendre sa noblesse passée à ce petit royaume.

En bonne régente, Phobia était ravie de présider la cérémonie de couronnement, car elle marquait son retour à la liberté. Fini les chaines du pouvoir, fini d'errer dans cette cage dorée qui constituait le palais. Elle sentait les routes l'appeler, l'incertitude des voyages la tenailler, et la joie d'être certainement accompagnée dans ses périples par un homme...

Soudain, elle rougit comme une adolescente. Allons, William était devenu un homme, un vrai, qui n'avait plus rien à envier à la prestance de son père. La guerre l'avait doté d'un charisme remarquable, et ses cicatrices lui donnait beaucoup de charme. Bref, William ressemblait à l'idée qu'elle se faisait d'un mâle dominant. Mais ce n'était pas encore le moment de céder à ses instincts de luxure. Il y avait encore tant de choses à régler.

Selon la tradition, le couronnement devait avoir lieu dans le Temple sacré de Bellerophon, érigé à la gloire du héros faërien qui avait ramené de l'Olympe le fabuleux Pégase, et avec lequel il avait vécu bon nombre d'aventures. Le Pégase devait bénir le règne du jeune roi en étant présent lors des vœux. L'animal sacré était déjà arrivé dans ses écuries et attendait patiemment la venue de Moreto.

La régente avait déjà enfilé son costume de cérémonie, une robe typiquement faërienne que sa grand-mère elle même avait porté avant la naissance de Magali. (c'est le portrait d'Estrella la grand-mère)

Soie, perle, gemmes et argent pour vêtir une princesse et régente. Elle tenait entre ses mains le bâton de prêtresse que son statut de princesse lui conférait.

Ainsi vêtue, elle allait ordonner le début de la cérémonie.

Dans le Temple prenaient place les nobles, les vieilles familles et les invités de marques de Faërie. Dans le fond et dehors, le peuple s'amassait dans l'espoir de voir la cérémonie, mais surtout le Roi.

Ce dernier allait bientôt arriver sur le dos d'une licorne noire, se disait-on.