Nels marcha dans l'aile nord, d'un pas hésitant. La soirée était déjà avancée, et il ne savais pas si elle serais dans son bureau, mais... Il voulais lui parler. S'arrêtant devant une porte ou une plaque "Professeur Nephtys" luisait, il inspira et toqua mollement. N'étant pas un élève de sa maison, elle allais sûrement être surprise de le voir.

Et effectivement, Nephtys fut surprise de cette visite. Occupée à corriger les devoirs des septièmes années, elle avait faillit ne pas entendre Nels toquer timidement à sa porte. Elle se leva et ouvrit son bureau au jeune élève dont le visage était étrangement pâle, et dont l'attitude renfermé trahissait un mal être évident.


- Euh... Nels ? Bonjour.

Elle le fit entrer, ouvrant sa porte en grand. Bien qu'étant la directrice responsable de la maison Poufsouffle, il était cependant de son devoir d'accueillir tous les élèves en difficulté qui se présentaient. En bonne pédagogue, la jeune femme fit asseoir Nels, lui parla d'une voix maternelle qui invitait à la confidence, et lui présenta des gourmandises pour le mettre à l'aise.

- Désire-tu me parler ? Y a-t-il un problème dont tu voudrais me confier ?

Nels enra en continuant à fixer le sol et s'assit en face de Nephtys. Il releva la tête pour fixer d'un air désabusé les friandises qu'elle lui proposait et lui sourit poliment.

Je n'aurais jamais cru vous voir vous transformer en prof maternelle qui propose des gâteaux aux élèves et leur parle d'une voix douce pour les mettre en confiance... J'ai pour habitude de ne jamais grignoter entre les repas, mais après tout...

Nels pris un gâteau au hasard et le mâchouilla lentement, semblant réfléchir. Le sucre sembla lui faire du bien et il finit par se retourner vers la directrice de poufsouffle, l'air un peu plus confiant.

Je sais que vous vous attendiez pas à me voir débarquer dans votre bureau pour discuter... Je suis un garçon qui à tendance à ne pas parler de ses problèmes, et vous êtes pas ma directrice de maison... Mais... Je crois que vous serez plus à même de me comprendre ce soir et puis... Tout le monde sait que Narmacil et Elmista ont une relation... Je voudrais pas les déranger... D'autant qu'au fond, même si vous paraissez sévère et que, très franchement, j'ai pas beaucoup aimer votre discours sur Maugrey lors d'un précédent cours... J'vous aime bien. Vous êtes une bonne prof, vous enseignez des matières que j'adore, surtout la botanique, et vous êtes sévère mais juste. Mais bon, plutôt que de vous expliquer pourquoi je suis venu vous parler, autant vous parler, on ira plus vite...

Nels inspira, et les larmes lui montèrent aux yeux. Il avais de nouveau l'air épuiser, comme porteur d'un fardeau trop lourd.

Vous le savez, toute l'école le sait, Maugrey c'est barré. Officiellement, il à foutu le bordel pendant son cours, il à attaquer les élèves en tenant des propos bizarres et il c'est enfuit quand il à vu que Théo résistais à ses attaques et que le vacarme risquais d'attirer du monde. Mais après, y'a ce qui c'est passer derrière, et croyez moi, j'en est appris trop sur Maugrey ce soir... Déjà, que c'est mon père biologique.

Le Serdaigle laissa une pause pour que Nephtys assimile ce qu'il venais de dire et reprit, toujours abattu.

Après le coup de Sélène, oui Théo m'a raconté l'histoire de la naissance d'Abigail, j'ai du mal à me faire à l'idée que c'est ma demi-sœur, Maugrey à disparût pendant un an, ça vous le savez mieux que moi vous étiez là, et c'est vous qui avez recueillit Abi. D'après ce que je sais, il à passé beaucoup de temps en amnésie partielle, bloqué sous sa forme animagus de loup. Le truc c'est qu'un soir, il c'est réveillé sous sa forme normale avec la mémoire revenue, et y'avais une femme à coté de lui. Une femme qui apparemment était en manque, parce que d'après les mémoires de Maugrey que m'a lût Théo, il les à trouvé dans son bureau, elle lui à sauté dessus pour... Vous savez quoi. Cette femme, c'était un Ange, Orianna Yuki. Elle est tombé en cloque, elle à pas voulu d'un bâtard comme enfant et elle m'a abandonné. Et Maugrey, devenu loque humaine, à eût tellement peur de me faire du mal, qu'il m'a foutu dans un foyer moldu à Londres. Franchement, l'histoire de ma naissance est pourrie hein...

Nels rit nerveusement à travers des sanglots, serrant le bureau de sa main gauche avec force, l'air encore plus désespéré qu'avant.

Et le pire, c'est que d'après Théo et Scylla, c'est même pas lui qui à pété un câble. C'est juste que y'a dix ans, il à genre combattu et détruit son frère aîné fou qui à décimé toute sa famille, Kéris je crois, sauf que le Kéris est entré dans son corps et en prenais possession des fois... Comme le coup de Sélène il paraît. Et là, d'après Théo, comme la démo de combat à mal tourné et que Théo à assommer Maugrey, Kéris à détruit l'esprit de Maugrey et à récupérer le corps définitivement en jurant qu'il tuerais tout les représentants de la famille Sovrano restant, Théo, Abigail et moi donc, pour devenir l'Ultime Souverain...

Les larmes commencèrent à couler sur les joues du jeune homme qui serrais la table de plus en plus fort. Cependant il poursuivit, la voix tremblante mais forte.

J'ai été élevé dans un foyer de merde, on m'a placé dans des familles d’accueil tarés... La dernière, la mère capturais et découpais les animaux du quartier, et le père à essayer de me violer avant que je m'enfuisse... C'était y'a deux ans quoi... Ce qui fait que depuis je vis tout seul dans un appartement abandonné à Londres et que je survit comme je peux... On viens me chercher pour me faire vivre ici, je me dis chouette j'aurais peut être une chance, et voilà que j'apprend que ma mère est une connasse imbue de sa personne qui à voulu me laisser crever et qui est sans doute vivante aujourd'hui mais qui n'en à rien à foutre de moi, mon père une loque humaine dépressive possédé par l'esprit maléfique et fou de son frère et lui il est sûrement mort, le dis esprit maléfique veux me butter pour accéder à un genre de pouvoir infini à cause d'une vieille prophétie millénaire à la con, mon frère est un mercenaire plutôt gentil mais qui à besoin de combattre contre des adversaires puissants pour pas péter un câble et qui veux m'adopter alors que je le connais même pas vraiment ... Franchement désolé si vous me trouvez faible, mais moi là sérieux j'en peux plus... Et je savais pas à qui parler alors... Je me suis dis vous, qui avez bien connût Maugrey et tout...

Nels lâcha le bureau et fondit littéralement en larmes devant Nephtys, l'air épuisé une fois son histoire raconté. Si en cours et devant ses camarades il montrait qu'il était fort et mature, il venais de prouver devant son professeur qu'il était avant tout un enfant.

Alors que Nels prit une friandise en précisant que d'ordinaire il n'en mangeait jamais en dehors des heures de repas, Nephtys sourit et lui fit remarquer :

- Les sucreries sont des douceurs qui apaisent le coeur. Ce n'est pas pour rien que l'on donne du chocolat à ceux qui ont souffert d'une attaque de détraqueurs.

Elle se montrait compréhensive, mais cela n'avait rien d'anormal vu qu'elle sentait la détresse de Nels. Il était encore très jeune, et honnêtement, elle ne voyait guère pourquoi elle s'énerverait contre lui. Ce garçon avait surtout besoin de patience, de gentillesse et d'écoute. Ce ne pouvait être en tant que professeur qu'elle agissait présentement, mais comme pédagogue avisée.

- Nous sommes en dehors du cadre des cours, assura-t-elle. Et ce qui se dira ici n'en sortira pas. Il faut du courage pour venir parler de ses problèmes avec quelqu'un, il n'est pas question de te renvoyer parce que tu ne ferais pas parti de ma maison. Cela est vrai avec tous les professeurs.

Ou du moins, l'espérait-elle. Nels commença son histoire. Il déballa tous ce qu'il avait vécu, comme tout ce qu'il avait sur le coeur. Les larmes montèrent très vite, et son discours fut vite haché par les sanglots du jeune garçon. Mais Nephtys ne l’interrompit jamais. Se confier était une épreuve pour Nels, et ses révélations levèrent quelques mystères planant sur Maugrey et sa descendance.

- Théo désire t'adopter ? Considère cela comme une chance. Il n'a jamais eu de vraie famille, se rapprocher de toi est un moyen pour lui que tu ne vive pas la même chose. J'imagine en effet que ton passé n'a pas du être facile, mais ici, tu es entouré de gens qui veulent t'aider et te protéger. Alors même si quelqu'un te veut du mal, il existe à présent une famille autour de toi pour t'aider. D'ailleurs, le fait que tu vienne me voir en confiance en est une preuve, tu n'aurais certainement jamais pu faire cela par le passé.


Elle songea alors qu'à la suite de cette histoire, il serait nécessaire de révéler la vérité à Abigaël. Les rumeurs iraient bon train, et Nels n'allait peut être pas garder tous ces secrets de famille pour lui seul. Et puis, déjà que Théo était proche de la jeune fille, cela lui mettrait la puce à l'oreille de voir Nels se rapprocher également d'elle.

- Maugrey était un ami d'enfance. Un de mes frères et lui ont été camarades de classe. Il trainait toujours chez moi, et de mémoire, la famille de Maugrey a toujours eu des ennuis, ou était la cause de pas mal de catastrophes. Être un Sovrano implique forcément un lourd passé et un destin tout aussi pesant. J'ai pris avec moi Abigaël pour qu'elle échappe autant que possible à pareil destiné. Le fait que tu ai vécu loin des Sovrano te permet également de ne pas avoir à trop t'en soucier.

Elle préféra taire les croyances de cette famille, ainsi que ses rites. Ils étaient sombres, nombreux, pénibles. Kéris avait du devenir fou en grappillant les échelons de la hiérarchie familiale. A l'époque où leurs parents étaient encore en vie, les enfants Sovrano étaient soumis à une rigueur insupportable.

- Autrefois, Théophasme Sovrano était un chef de famille redoutable, brillant et assoiffé de pouvoir. Il ne m'étonnerais aucunement qu'il ai parlé à son fils ainé d'une prophétie sur un héritier surpuissant qui rendrait son sang immortel et invincible. Ma mère et lui passaient leur temps à s'affronter politiquement, et Théophasme avait dans l'idée de créer des enfants qui surpasseraient ceux de la famille royale, et qui leur voleraient la couronne de Faërie.

Mais Nephtys préféra ne pas en dire plus. Le poids de ces derniers évènements pesaient un peu trop sur les épaules d'un jeune ado. Elle lui retendit des friandises et le laissa pleurer les dernières larmes de son corps.

- En attendant, nous voici au courant de la menace, et Scylla doit prendre cette histoire très à coeur. Elle est redoutable pour ce genre de chose. Et personne ne laissera quiconque faire du mal aux élèves. De même Théo est assez fort pour te protéger. Tu n'as pas à avoir plus peur que ça.

Elle lui caressa la tête dans un geste purement maternel. Dans l'intimité du bureau, elle pouvait se permettre ce genre de chose. Nels avait besoin de soutien, de réconfort. Et s'il était épuisé, elle l'enverrait à l'infirmerie avec une recommandation pour le personnel soignant. Nels n'aurait pas à répéter sa terrible histoire.

C'est vrai que le sucre m'a fait du bien... Faut savoir jouir des petites choses je suppose...

Nels sourit tristement à son professeur, les yeux rouges, les joues pleines de larmes, l'air beaucoup plus sérieux que la plupart des adolescents de son âge dans cette école.

Ca me fait tellement chier pour Maugrey, me dire que c'était pas de sa faute et qu'il à finit comme ça... Bon c'est sûr qu'il à dégénéré, mais il avais pas tuer Sélène et tout... Il faisait tellement de la peine, tout seul avec sa bouteille de whisky caché dans le tiroir de son bureau... Et le pire c'est qu'il était tellement gentil...

Nels inspira et s'essuya le visage, ses yeux verts fixant ceux de Nephtys avec une petite lueur, faible certes, mais bien présente.

Allez vivre avec Théo... Ca me fait plaisir c'est sûr mais bon, j'ai jamais eût de famille et je vais me retrouver avec lui, sa fiancée et le frère de celle ci dans leur auberge... Puis j'ai bien vu que Théo était proche de la plupart des profs, et vous êtes la mère adoptive d'Abi alors... Je suppose que je vais me retrouver plus proche des profs et surtout de vous... Ca fait bizarre pour quelqu'un qui à jamais eût de repères...

Continuant de fixer la directrice de poufsouffle droit dans les yeux sans ciller une seule fois, Nels pris une autre douceur pour la mâchonner pensivement.

Pour le coup des terribles Sovrano, je vais voir ça avec Théo... J'ai bien compris que c'était un genre de clan de mercenaires, mais c'est ma famille et Théo c'est un peu le chef je suppose, vu que Maugrey est mort. Je sais pas si c'est tout blanc mais je veux en faire partie. Je veux m'apeller Nels Sovrano. Yuki, c'est le nom d'une femme qui m'as rejeté. Même si Maugrey Sovrano c'est pas occupé de moi, il voulais que mon bien au moins...

Nels lâcha enfin Nephtys des yeux lorsqu'elle lui caressa la tête, le regard bas, les joues rougissantes à cette affection qu'il ne connaissais pas. Il reprit, la voix clairement gênée et les joues couleur tomate.

Mphf, bref... Ca serais pas mal si je pouvais... Passer deux ou trois jours hors de poudlard, avec Théo... Histoire de mieux le connaître et de régler les trucs administratif, l'adoption, le changement de nom tout ça... En tout cas...

Le demi-ange pris la main de Nephtys et releva une nouvelle fois le regard pour la fixer avec un regard dont les Sovrano avait le secret. Une douceur chaleureuse emplit d'un profond respect intense. Comme si les yeux verts du jeune homme analysais la femme tout en lui disant merci.

Je vous remercie d'être la... C'est vraiment super de votre part... Vous vous conduisez plus de façon maternelle que pédagogue et... Ca me touche...

Nels appuya son désir d'appartenance à un clan, une famille. Lui qui avait été rejeté de tout le monde, à commencer de sa mère, il semblait un peu perdu au milieu d'une école qui devenait sa maison, et d'une famille qui était toute prête à l’accueillir. Il lui faudrait encore du temps pour digérer correctement la découverte de ses origines, et les dangers qui planaient désormais sur sa tête. Mais puisqu'il n'était encore qu'un enfant, ce n'était pas à lui de songer à la sécurité mais aux adultes.


- Il va y avoir les vacances, fit Nephtys. Tu auras tout le temps nécessaire pour retomber sur tes pattes, et régler ce qu'il y a à régler.

L'adolescent lui prit la main et la remercia. Elle ne faisait que son travail, détestant voir les autres dans la panade, et en particuliers les enfants. Il y a longtemps, elle avait accepté ce poste de directrice de maison sans savoir jusqu'où cela la mènerait. Que de chemin parcourut depuis, et elle restait encore souvent surprise de la tournure de certaines situations.
La jeune femme sourit, touchée par l'émotion du garçon.

- Je suis toujours là pour mes élèves, assura-t-elle. Et j'ai l'habitude d'arranger les affaires de la famille Sovrano.



Si elle pouvait arrêter de le faire, ce serait d'éternelles vacances.

- Bon, il serait bien que tu retourne à ton dortoir. Va te reposer, détends-toi et ne t'inquiète plus pour l'avenir. Le monde n'est jamais aussi sombre qu'il n'y parait.


Elle se dirigea vers la porte de son bureau, et l'ouvrit, invitant l'adolescent à lui obéir docilement, et à reprendre sa vie en main.